El pozo y el péndulo (Le puits et le pendule)



 page 03

Texto  español    traduction         

Estaba desvanecido. Pero, no obstante, no puedo decir que hubiese perdido la conciencia del todo, pero la que me quedaba, no intentaré definirla, ni describirla siquiera. Pero, en fin, todo no estaba perdido. En medio del más profundo sueño..., ¡no! En medio del delirio..., ¡no! En medio del
desvanecimiento..., ¡no! En medio de la muerte...,
¡no! Si fuera de otro modo, no habría salvación
para el hombre. Cuando nos despertamos del más
profundo sueño, rompemos la telaraña de algún
sueño. Y, no obstante, un segundo más tarde es
tan delicado este tejido, que no recordamos haber
soñado. Dos grados hay, al volver del desmayo a la vida: el sentimiento de la existencia moral o
espiritual y el de la existencia física. Parece probable que si, al llegar al segundo grado, hubiéramos de evocar las impresiones del primero, volveríamos a encontrar todos los recuerdos elocuentes del abismo trasmundano. ¿Y cuál es ese abismo? ¿Cómo, al menos, podremos distinguir sus sombras de las de la tumba? Pero si las impresiones de lo que he llamado primer grado no acuden de nuevo al llamamiento de la voluntad, no obstante, después de un largo intervalo, ¿no aparecen sin ser solicitadas, mientras, maravillados nos preguntamos de dónde proceden? Quien no se haya desmayado nunca no descubrirá extraños palacios y casas singularmente familiares entre las ardientes llamas; no será el que contemple, flotantes en el aire, las visiones melancólicas que el vulgo no puede vislumbrar, no será el que medite sobre el perfume de alguna flor desconocida, ni el que se perderá en el misterio de alguna melodía que nunca hubiese llamado su atención hasta entonces.

J’étais évanoui ; mais cependant je ne dirai pas que j’eusse perdu toute conscience. Ce qu’il m’en restait, je n’essaierai pas de le définir, ni même de le décrire ; mais enfin tout n’était pas perdu. Dans le plus profond sommeil, non ! Dans le délire, -non ! Dans l’évanouissement, non ! Dans la mort, non ! Même dans le tombeau tout n’est pas perdu. Autrement, il n’y aurait pas d’immortalité pour l’homme. En nous éveillant du plus profond sommeil, nous déchirons la toile aranéeuse de quelque rêve. Cependant, une seconde après, tant était frôle peut-être ce tissu, nous ne nous souvenons pas d’avoir rêvé. Dans le retour de l’évanouissement à la vie, il y a deux degrés : le premier, c’est le sentiment de l’existence morale ou spirituelle ; le second, le sentiment de l’existence physique. Il semble probable que, si, en arrivant au second degré, nous pouvions évoquer les impressions du premier, nous y retrouverions tous les éloquents souvenirs du gouffre transmondain. Et ce gouffre, quel est-il ? Comment du moins distinguerons-nous ses ombres de celles de la tombe ? Mais, si les impressions de ce que j’ai appelé le premier degré ne reviennent pas à l’appel de la volonté, toutefois, après un long intervalle, n’apparaissent-elles pas sans y être invitées, cependant que nous nous émerveillons d’où elles peuvent sortir ? Celui-là qui ne s’est jamais évanoui n’est pas celui qui découvre d’étranges palais et des visages bizarrement familiers dans les braises ardentes ; ce n’est pas lui qui contemple, flottantes au milieu de l’air, les mélancoliques visions que le vulgaire ne peut apercevoir ; ce n’est pas lui qui médite sur le parfum de quelque fleur inconnue, ce n’est pas lui dont le cerveau s’égare dans le mystère de quelque mélodie qui jusqu’alors n’avait jamais arrêté son attention.

vocabulaire  
desvanecido = évanoui
el sueño = le sommeil
el desvanecimiento = le délire
la telaraña = la toile aranéeuse
el tejido = le tissu
el recuerdo = le souvenir
el abismo = le gouffre
la flor= la fleur



contact mentions légales déclaration de protection de données